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LA PIE ROUGE
26 février 2018

CONTE "COMMIS" PAR MOI MEME ....POUR MES FILS......LYSANGE

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Il était une fois, en pleine Saintonge, un hameau composé de quelques petites maisons…Ce hameau, s’appelle « Chez Petit Bois ». et  pour cause….. il est blotti dans les bois,  qui sont eux-mêmes entourés par des champs, et des vignes.

Les 5 ou 6 maisons existantes sont enchevêtrées les unes aux autres peut être…..  pour se rassurer. Va savoir…… Elles  possèdent toutes un jardin……avec l’incontournable rose trémière, mais aussi des hortensias bleus, des pois de senteur...

Une seule maison est en retrait ………..

comme  pour bien se distinguer, des autres……….avec un immense jardin, mais contrairement aux autres jardins…il est envahi d’arbres, de ronces, et seuls des héliotropes Y fleurissent.Ah l’héliotrope  (ou la fleur des dames), petites fleurs mauves au parfum envoutant, un parfum de vanille surtout l’été en fin de soirée un vrai délice.

Les murs de cette maison sont réalisés en pierres de taille, sur la façade principale, 2 fenêtres hautes et étroites ,  une porte d’entrée plein sud. A coté de la porte d’entrée ,  se trouve un banc en pierre bi-centenaire…. …. Ah combien de paresseux ont musardé au soleil assis sur ce banc….combien de travailleurs harassés par une dure journée dans les champs et les vignes sont venus s’y reposer….combien de commères ont colporté des nouvelles, des cancans, des  on-dit ….…..combien de romantiques, de romanesques ont rêvé, sur ce banc. ….. il y a même des coeurs gravés oui parfaitement, des cœurs entrelaçés avec des prénoms…à l’intérieur…. Adélina et Léonidas 1830.  Antoinette et Abel 1910….. d’autres effacées par les intempéries.

 Si je regarde de plus près l’assise de ce banc il y a une petite cavité… formée  par l’usure du temps .et si on y regarde de plus près …..la pierre suinte des larmes  et si l’on est très attentif on aperçoit comme des étoiles …., ce sont les larmes d’Adélina, lorsque le maire du village est venu lui annoncer la mort de son mari adoré  Léonidas à la guerre de 70.

 Ce banc a une âme, il vit, j’entends battre son cœur à l’intérieur de la pierre,  lorsque je pose ma tête sur son socle,  et que je m’y allonge…il  a emmagasiné toutes les conversations  de ces passants et de ces passantes….je le sais j’entends leurs voix oui, je vous le dis……je les entends parfaitement….. et  je connais leurs histoires par cœur…

Derrière cette bâtisse est adossée une  verrière, qui donne sur ce jardin en friche. La  structure de cette verrière est en fer forgé, tout en haut des vitres il y a une frise colorée, comme des petits vitraux, le sol est en mosaïque, certes fatiguée par le temps. Des tapis anciens style arabisant, jonchent le sol, des dromadaires montés par des bédouins y sont représentés.  Des petites tables avec des théières qui refroidissent ça et là. Dans un coin, un lit en fer doré,  défait avec des gros édredons. Tout y est paisible…mystérieux.. . et enfin un salon en rotin, avec une chaise longue presque au milieu de la pièce.  .

Une femme vit recluse dans cette demeure, une femme triste, desséchée, son corps est déformé,  par une bosse proéminente, qui lui donne l’air d’une créature extraterrestre, ou d’un oiseau de proie…. les épaules étriquées, des mains inachevées,  ses yeux clairs, ………….  (reflets de l’âme,) ………..sont ternis ils ne dévoilent aucun sentiment, ni tendresse, ni tristesse.  Des mèches blanches encadrent son visage ridé et flétri, sa bouche a perdu de sa pulpe et se referme sur deux lèvres minces étroites figées en un rictus quelque peu désabusé. Comme résignée …………elle accepte sans amertume son sort. Cette femme est mon amie.

aucune phrase ne sort de sa bouche, personne ne l’a jamais entendu parler ……  Je vous dis  qu’aucun son ne sort de sa bouche, et cependant je ne suis pas honnête……elle émet des sons…elle parle seulement aux oiseaux. et nous, toutes les deux, nous communiquons par le regard. Nous nous regardons intensément et profondément, et tout est dit.

Assise sous sa verrière, devant la fenêtre ouverte, avec vue sur son jardin en friche, elle sifflote avec des mouvements de tête,  pendant des heures aux pinsons, aux merles. Le soir, un vieux corbeau vient lui faire la conversation. Le ton peut être amical, mais parfois s’ensuit des querelles. Souvent sur une réponse de l’oiseau, elle éclate de rire.

 

 Il lui arrive également d’organiser un concert rien que pour eux, en toute intimité…..les oiseaux et elle……et moi bien sur ,  mais seulement en spectatrice. Les merles, les pinsons, les rouge gorge, les tourterelles , et même le vieux corbeau, sont là…alignés sur la rambarde  de la verrière et les voilà  partis en des sifflements assez mélodieux, il faut bien le reconnaître.

 

Mais le clou du spectacle, c’est lorsque le vent se prend dans les branches des arbres,   les feuilles se métamorphosent en castagnettes…. Il faut la voir dans son fauteuil en rotin, au début, elle reste immobile, la tête baissée, recroquevillée, sa respiration est haletante

ses yeux se ferment, afin de s’imprégner du chant flamenco, cette musique qui, exprime sa douleur, les plaies toujours ouvertes de son enfance. Les oiseaux chantent de plus en plus fort accompagnés par le  son des castagnettes suivant la force du vent.  Et tout à coup son thorax se redresse, elle soulève ses pauvres bras maigres, et commence avec ses mains crochues et  atrophiées  une danse passionnée au son du vent et des chants d’oiseaux… toujours assise dans son fauteuil……Elle improvise en fonction de son émotion,  par des claquements intensifs des pieds et des mains. les mouvements de ses bras  deviennent presque gracieux, presque sensuels.

 

Voilà ça, c’est la vie ordinaire que nous passons ensemble.

Mais ce n’est pas tout, ELLE a dans sa vie deux trésors, deux amours, qu’elle aime au-dessus de tout.

 

DEUX FILS…

 

DEUX fils pensez vous, …mais enfin qui a pu ENGROSSER –cette femme au corps déformé avec une bosse dans le dos ???

Et

..Quel est donc, le paillard, qui a osé trousser, ce jupon qui restait toujours baissé ??? hein ! hein !

Et bien, je n’en sais rien, et personne n’en sait rien    un vrai mystère, mais je peux vous dire c’est qu’un début d’après midi de Novembre……9 mois très exactement avant l'arrivée de ses fils,  le ciel s’assombrit d’un seul coup… pour devenir noir. le vent commença à souffler, au début doucement et ensuite  de plus en plus fort, la pluie se déversa sur le hameau, l’orage et les éclairs déferlaient  au dessus de nos têtes, l’atmosphère était  lugubre  on entendait mugir le vent sous les charpentes qui craquent, et qui nous fait  penser à une bête furieuse rugissante , j’en avais la chair de poule, il n’y avait plus âme qui vive,  dehors tout le monde rentrait précipitamment pour se réfugier dans leur maison….sans d’ailleurs se soucier de nous, isolées,  moi toute seule,  avec cette pauvre estropiée…

 

3 jours nous avons vécu cet enfer, dans la nuit, le froid, la pluie, l’orage, les éclairs… j’étais  pas fière, je croyais que la fin du monde était arrivée. Le plus souvent je me collais à elle .elle essayait bien de me rassurer, mais je ne la sentais pas comme d’habitude, un peu bizarre, les yeux dans le vague, et un sourire étrange au bord de ses lèvres…. Elle me disait seulement de ne pas avoir peur, que tout cela allait cesser et que bientôt nous aurions une grande surprise toutes les deux.

Elle avait raison, au bout de 3 jours tout  ce déchainement cessa …..la nature toute douce dont nous étions habituée reprit ses droits.

Par contre, elle était devenue vraiment différente, elle était encore plus rêveuse que d’habitude, elle avait des petites fringales, quelques sautes d’humeur que je ne lui connaissais pas, des envies de fraises en plein mois de janvier, et enfin  pour finir, un soir d’été, après m’être promenée dans le jardin, je trouve à côté d’elle, deux paniers en osier avec deux bambins hurlants et gigotant tout leur saoul à m’en faire mal aux oreilles….

 Comme nous avons pu être heureuses toutes les deux de nous occuper de nos fils...mais les enfants grandissent, ils ne sont pas faits pour rester avec leur mère..

 

Ce fut un déchirement pour nous de voir nos garçons s’éloigner, et pourtant nous avions anticipé ces départs,  qui pensions nous,  nous permettraient plus de sérénité quand viendrait le moment.  Une page se tourne, il faut reconsidérer les choses, trouver d’autres repères, ses enfants devenus adultes, ne seront plus sous notre responsabilité. Alors, arrivent, la peur et l’angoisse, la crainte du danger pour ces deux enfants devenus grands, lâchés dans ce monde.

 

 

L’absence de leur babillage, leurs caresses, leur désordre, tout cela nous été insupportables et on se retrouvait souvent en larme toutes les deux.

 

Mais nos garçons venaient  nous voir très souvent…..ils ne nous oubliaient pas, c’étaient des bons fils …

En attendant, nos enfants, moi, Je prenais vraiment du bon temps, tous les matins et tous les soirs je me promenais dans ce jardin en friche, le nez au vent, ensuite j’allais  rejoindre mon amie.

un jour de promenade, je fus tès étonnée  le parfum dans le jardin n’était plus le même,  ce n’était plus l’héliotrope qui prédominait, mais un parfum très délicat et inquiétant. Il y avait quelque chose d’étrange dans cette nature qui m’était familière…  et oh sortilège !!!! les fleurs des dames agonisaient, étouffées par l’herbe du diable, ou l’endormeuse….une très jolie fleur en forme de trompette ou de clochette , allant du blanc au rosé, en passant par le mauve et le jaune très pâle. Magnifique pour les yeux.  Mais  Elle se  révèle être très dangereuse pour l’ humain…. Autrefois c’était une plante magique associée à la magie noire. En regardant de plus près,  Les  graines qui s’échappaient de ses fruits  se propageaient à grande vitesse…, rampaient dans les massifs et prenaient le chemin de la verrière…

je fonce vers la verrière. En arrivant je  trouve mon amie endormie, dans son siège en rotin ses yeux sont fermés avec un sourire aux coins des lèvres. « Une endormeuse » en forme de trompette sort de dessous son bras droit,  on dirait une rose couleur mauve et blanche et d’autres commencent à envahir sa couche et à l’envelopper.

Mon amie était lasse fatiguée……………….. Elle nous a quitté, je me retrouve seule….. Comme c’est difficile,  je la cherche dans tous les coins de notre maison,  derrière les portes, sous les couvertures,  finalement j’en ai pris mon parti et pour adoucir mon chagrin,  je me rappelle de nos bons moments passés ensemble.

Nos jeux, les cache-cache dans le lit…les concerts avec ses oiseaux…

Scrogneugneu…..comme ils m’agaçaient ceux-là………….

Dans ces moments là  je n’avais pas le droit de les déranger…..sous prétexte que les oiseaux se sentiraient stressés,  si je m’approchais d’eux….et si je me mettais à les renifler...

 

Mais enfin, quoi, que croyait elle ? vous vous rendez compte pour un chat, ce que c’est de voir une brochette d’oiseaux bien dodus alignés à 1 m de vous…Ah ! oui pardon, je parle…….je parle………..et j’ai oublié de me présenter….et bien……, je m’appelle Lysange et je suis, une chatte, je suis  celle à qui elle dit tous ses secrets……

 

Voilà, depuis qu’elle nous a quittés, je vis avec ses fils, ils sont tendres et doux avec moi. Et lorsque je m'aperçois que leur mère leur manque,  qu’ils souhaitent entendre tous les mots d'amour qu'elle avait pour eux.... je saute sur leurs genoux, et nous nous regardons intensément..... profondément......et ils écoutent.... ils écoutent .. tous les mots d’amour que leur mère m’a confiés pour eux.

(L'origine du texte est beaucoup plus long, avec de multiples descriptions, mais pour un conte il faut faire court, j'ai donc coupé beaucoup de passages... mais dans quelque temps, je mettrai peut être le texte dans son intégralité...)

 

 

RHCP5515

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